16 novembre 2024

Les applications de la technologie blockchain

La technologie blockchain est avant tout une problématique métier. De très nombreuses technologies existent sur le plan technique qui pourraient concurrencer les technologies Blockchain. Cependant, en y intégrant les contraintes métier, les alternatives deviennent très rapidement inefficaces, trop couteuses, ou complexes à mettre en place.

Il existe plusieurs manières de considérer les cas d’application d’une blockchain. En fonction du besoin, nous aurons tendance à prendre une solution plutôt qu’une autre.

Quatre cas génériques peuvent être considérés, chacun ajoutant une couche de complexité. Ce sont :

  • Besoin de stocker et suivre des données (cas de base) : peut être résolu via une base de données locale de confiance. La gestion de cette base de données, son coût, ainsi que son alimentation sont du ressort de l’entreprise qui en a besoin. C’est le cas classique des PME qui gèrent leur stock.
  • Besoin, en plus, qu’un ou plusieurs tiers récupèrent ou remplissent des informations : ce cas demande une base de données gérée par une seule entité. Les droits d’accès sont limités à un certain nombre d’acteurs avec des règles d’accès et d’usage très contraignantes. C’est typiquement ce modèle qui est mis en place par les grandes entreprises pour capter de la donnée de tiers associée à une contrainte légale. Une fois encore, la gestion et le coût sont portés par l’entreprise propriétaire de la base de données. L’alimentation est partagée par plusieurs parties et la qualité des données est un enjeu lourd et coûteux, souvent gérée par l’intermédiaire de contrats plus que par leur utilisation.
  • Besoin qu’aucune des parties prenantes ne contrôle l’intégralité de l’information. Celle-ci a donc besoin d’être déléguée à un tiers. Ce cas d’usage exige que toutes les parties prenantes aient un accès limité à la donnée, excepté un tiers de confiance. La gestion de la base de données est intégralement portée par ce tiers de confiance. C’est typiquement le cas des chambres de compensation, dans le domaine bancaire. Une entité réalise le transfert de fonds en échange d’un actif sous-jacent si et seulement si les conditions sont réunies. Cette base de données centralisée gérée par un tiers a représenté l’état de l’art pendant de nombreuses années. La structure de coût est souvent partagée sur des modalités très variables.
  • Dans le cas de l’absence d’un tiers de confiance, chacun doit pouvoir écrire dans une base de données tout en restant digne de confiance pour toutes les parties prenantes.

Dans la pratique, la blockchain est souvent exploitée pour répondre à des problématiques plus complexes. La technologie blockchain est utilisée dans les principaux domaines suivants :

  • Les banques :  elles se sont empressées d’utiliser la blockchain à leur avantage en essayant de créer un système de paiement plus sécurisé avec moins de délais, de coûts et d’efforts manuels, où tous les acteurs du commerce international (importateur, exportateur, banques, transporteurs) peuvent partager des informations. On peut citer quelques projets : R3CEV (un consortium bancaire autour de la blockchain), Qiwi (une fintech russe spécialisée dans les paiements électroniques, permet à l’heure actuelle de réaliser des paiements de manière intuitive en utilisant la technologie blockchain), WeTrade (un consortium qui a créé une plateforme avec l’aide d’IBM dont l’objectif est gérer, tracer et sécuriser les transactions et les échanges entre les petites et moyennes entreprises).
  • Les administrations et les institutions publiques : le secteur de l’administration est l’un des plus prometteurs dans l’exploitation de la technologie blockchain. De nombreuses initiatives sont lancées à travers le monde parmi lesquelles on peut citer : (i) les greffes du tribunal de Paris : afin de répondre à un besoin de modernisation et d’amélioration du service public, le Conseil national des greffiers des tribunaux du commerce (CNGTC) a lancé une initiative autonome avec IBM au travers d’un partenariat en exploitant la technologie blockchain. La solution a pour but de tracer et d’horodater chacune des opérations réalisées dans chaque greffe. De plus les documents sont échangés de manière numérique avec pour objectif d’avoir une vision unique des formalités en cours sur tout le territoire. (ii) la crypto-monnaie au Venezuela : le gouvernement vénézuélien cherchant à endiguer la dévaluation a proposé de mettre en place une crypto-monnaie basée sur le pétrole encore dans ses sols, afin d’exploiter des mécanismes économiques évoqués près d’un siècle plus tôt. Au début du processus, le gouvernement vénézuélien émet des titres donnant des droits sur des barils à extraire. Ces titres sont vendus durant les périodes de forte demande économique, et remplissent ainsi la trésorerie de l’Etat. Durant les phases de crise, alors que le cours des matières premières s’effondre, il rachète ces titres. A la place de titres, une crypto-monnaie appelée petro est utilisée. On assiste alors à la première crypto-monnaie émise par un pays et adossée à une contre-valeur réelle.
  • Les assurances : elles commencent à utiliser la blockchain dans leur gestion quotidienne, notamment grâce aux smart contracts (des programmes autonomes qui exécutent automatiquement les conditions et termes d’un contrat, sans nécessiter d’intervention humaine une fois démarrés). À titre d’exemple, les passagers assurés contre le retard de vol sont automatiquement indemnisés lors d’un retard sans avoir besoin de remplir un quelconque formulaire et sans intervention de l’assureur.
  • L’énergie : L’idée générale derrière l’exploitation de la blockchain dans le secteur de l’énergie est celle d’être un tiers de confiance et permettre d’effectuer des transactions entre particuliers de manière décentralisée. On peut citer des projets comme TransActive Grid ou les balbutiements du smart-grid (échange et achat d’électricité entre particuliers et entreprises), le SolarCoin (le Bitcoin de l’énergie renouvelable).
  • L’immobilier : la blockchain pourrait offrir de nombreux avantages au secteur immobilier. Les caractéristiques de cette technologie permettront la transparence de l’information par rapport à l’historique des propriétaires. De ce fait, le risque de fraude et les travaux de vérification et d’expertise diminueraient. Enfin, le processus de transaction immobilière serait plus rapide.
  • La santé : plusieurs cas d’usage sont envisageables dans le secteur de la santé. La blockchain pourrait servir à la traçabilité des médicaments, à la sécurisation des données de santé, et à la gestion des données des patients et de leurs dossiers médicaux dans une optique d’amélioration de la prévention et le suivi médical. La blockchain pourrait permettre de gérer de manière transparente, sûre et infalsifiable les données des patients et restreindre le partage des données aux principaux tiers de confiances : médecins, hôpitaux, laboratoires pharmaceutiques, etc.
  • L’art : la musique est aussi un domaine touché par la blockchain. En effet, le but de cette utilisation est la suppression d’intermédiaires, une meilleure traçabilité des œuvres, une transparence dans la gestion des droits d’auteur et la répartition des droits de paiements sans passer par des intermédiaires.
  • Les domaines associatif et caritatif : le domaine caritatif a fort à gagner à utiliser la technologie blockchain. Dans l’optique de répondre au besoin de transparence et de confiance dans le secteur curatif, une start-up, AidChain, a été fondée. Les développeurs se sont focalisés dans un premier temps sur la récolte et la distribution de dons, avec une traçabilité de la cible qui a bel et bien reçu les fonds. Ils utilisent la plateforme Etherreum, au sommet de laquelle ils développent des smart-contracts. Une monnaie appelée AidCoin a été créée et la start-up propose une application smartphone pour faire des dons.
  • L’automobile : le secteur de l’automobile est une cible privilégiée des entreprises faisant de la blockchain. Les champs d’application incluent les phases en amont (chaîne d’approvisionnement), les phases en aval (après-vente), mais également de nouveaux marchés avec l’avènement des smart cities et l’évolution des usages de la voiture.
  • Les jeux vidéo : de nombreuses tentatives d’utilisation de la technologie blockchain existent dans ce domaine.
  • La gestion de l’identité : la gestion de l’identité dans le cas des blockchains permissionnées exige de pouvoir utiliser les annuaires d’entreprise et interfacer les dimensions cryptographiques de la solution de registre distribué aux systèmes de gestion d’identité existants.
  • La grande distribution et la traçabilité alimentaire : des projets ont été lancés pour faciliter la traçabilité alimentaire qui est aujourd’hui un sujet particulièrement important dans le quotidien des consommateurs. On peut citer « Provenance » (une solution de traçabilité des produits alimentaires).
  • La géolocalisation : des projets existent aussi dans ce domaine dont Naviaddress (la blockchain pour améliorer le système des adresses postales).

La blockchain peut être utilisée dans différents secteurs et peut répondre à différents besoins. Ainsi, il suffit de comprendre les caractéristiques principales de cette technologie et les appliquer pour répondre à des problématiques de sécurité, de fraude, de traçabilité et de tiers de confiance.

Les domaines d’application restent très vastes. En effet, la blockchain peut aussi être exploitée comme moyen pour : voter en ligne, sécuriser le stockage de données dans le cloud, certifier des diplômes, être une source infalsifiable pour les historiens, etc.

N.B: ces articles sont des extraits des publications du Dr. Adama TRAORE

Les anciens numéros du laboratoires du week-end :

La technologie blockchain (définition et explication)

La technologie blockchain (fonctionnement)

La technologie blockchain (les différents types de blockchain)

Dans les prochains articles du « laboratoire du week-end » à venir, vous aurez d’autres articles sur la blockchain, à savoir:

–  Utilisation de la blockchain dans le secteur financier

–  La sécurité renforcée et le nouveau web 3.0 avec la blockchain

– Les enjeux sociétaux, énergétiques, environnementaux, juridiques et fiscaux de la blockchain

– Les conditions de réussite d’un projet blockchain

– Des étapes d’implémentation d’un projet blockchain (sélection et initialisation de la blockchain, choix du bon protocole de consesnsus, exécution de son premier « smart contract », déboguage…)